[fontawesome icon= »fa-clock-o » circle= »no » size= »25x » iconcolor= » » circlecolor= » » circlebordercolor= » » rotate= » » spin= »no » animation_type= »0″ animation_direction= »down » animation_speed= »0.1″ animation_offset= » » alignment= »left » class= » » id= » »]Samedi 20 mai, 13h30-15h
A. Blavier, ULg : La reconnaissance du statut de victime
Sous la pression sociale et médiatique, le système judiciaire offre une place de plus en plus importante aux victimes dans le cadre des procédures les concernant directement mais concernant également le suivi judiciaire de l’auteur. Les victimes sont ainsi maintenant beaucoup plus présentes à toutes les étapes des procédures judiciaires, lors du procès mais aussi lors du suivi de la peine et des demandes de libération conditionnelle, par exemple. Cette place de la victime qui est présentée comme une avancée sociétale importante (demandée par les victimes elles-mêmes), notamment en matière de reconnaissance du statut de victime, comporte cependant de nombreux revers que l’exposé vise à démontrer. Un des premiers tient à la longueur des procédures judiciaires qui maintiennent la victime dans un état ou statut de victime qui peut devenir une véritable identité pour celle-ci. La personne ne se définit plus que comme victime, son seul objectif étant une soif de reconnaissance avec comme corollaire, le souhait d’une punition pour l’auteur de son état de victime. Le sentiment de vengeance s’immisce ainsi dans la procédure judiciaire réputée neutre et impartiale. En outre, la réponse judiciaire ne peut en général que partiellement satisfaire la victime car rien ne lui rendra jamais son état antérieur. La victime, malgré son implication de plus en plus active dans la procédure, n’en sera que plus écœurée, découragée et/ou blessée, donnant naissance à un sentiment d’injustice profond et à un processus de victimisation secondaire qui peut être à l’origine d’un décrochage social et/ou légal important et du développement de psychopathologies autres que le PTSD.
C. Mormont, ULg : La reconnaissance des faits
Fondamentalement, la reconnaissance des faits n’est ni nécessaire ni suffisante pour mener à bien une procédure pénale. L’accusation et la condamnation doivent s’appuyer sur des preuves, des présomptions solides et, au pire, sur l’intime conviction. L’aveu est un élément confortable pour l’appareil judiciaire et pour la conscience du juge. Pourtant, aujourd’hui, dans le domaine particulier des infractions à caractère sexuel, l’aveu a pris une place et une dimension qui appellent à la réflexion. Les raisons alléguées en sont diverses : rareté des preuves matérielles, utilité pour la victime, nécessité thérapeutique…Si ces raisons ne sont pas fausses, elles n’expliquent pas l’exigence d’aveu de la part de beaucoup d’intervenants et leur hargne à l’égard des suspects en désaccord avec les accusations dont ils sont l’objet. Il semble que cette « tyrannie » de l‘aveu permette d’humilier l’accusé, de le punir publiquement, de lui faire violence sous le couvert de la morale, de l’empathie pour la victime, de l’accessibilité au traitement et au changement car, prétend-on, comment se soigner et guérir si on ne reconnaît pas avoir commis l’acte incriminant. Les psychologues justifient l’exigence de l’aveu par leurs paradigmes aussi bien psychanalytiques que comportementaux et en font une condition sine qua non à toute prise en charge. Ce qui permet d’éluder la part trouble de jouissance qui se cache si souvent sous l’austérité des censeurs lorsqu’ils s’érigent en justiciers.
J. Englebert, ULg : La reconnaissance de la maladie mentale : perspectives en troisième et en première personne
La distinction des perspectives en première et troisième personnes est un apport récent et décisif de la phénoménologie à la psychologie clinique et à la psychopathologie. La perspective en troisième personne consiste en l’attribution, depuis une position externe, de signes cliniques repérés indépendamment du ressenti exprimé par le patient. L’exemple typique de ces signes est le délire et l’hallucination du schizophrène. Ces symptômes cristallisent les difficultés qu’éprouve le sujet à se reconnaitre affecté du trouble (l’anosognosie), et ce point est considéré par de nombreux modèles comme une cible thérapeutique prioritaire. Il est attendu que le patient adopte la position propre à son évaluateur, et externe à sa subjectivité intrinsèque. La perspective en première personne, concentre quant à elle son attention sur l’expérience subjective exprimée par le patient. Si l’on reprend le cas de la schizophrénie, ce sont la « perte de l’évidence naturelle » des choses, un « trouble du sens commun » ou un « sentiment de diminution du soi » qui sont verbalisés. Ce pas de côté de la vision omnisciente du médical, assumant une remise en cause du pouvoir de domination qu’entraine la perspective en troisième personne, se révèle être un outil psychothérapeutique pertinent. Il désacralise le problème de l’anosognosie et ouvre la voie à une perspective intersubjective, co-construite. Nous constaterons que la reconnaissance de la maladie en troisième personne, à laquelle on intègre une considération de la perspective en première personne, permet au patient d’être partie prenante du processus thérapeutique